Quelle destination choisir pour favoriser votre apprentissage?

C’est une question qui revient très souvent lorsque je conseille les futur.e.s apprenant.e.s pour un séjour linguistique.

Généralement on pense qu’il faut absolument partir en Angleterre pour apprendre correctement le « bon » accent anglais.

  Spoiler: Idée reçue! 

Mais de quel accent parle t-on ?

 

Received Pronunication

L’accent so British que les Français ont dans la tête est un accent très élitiste, parlé en réalité par peu de gens; moins de 3% de la population (Crystal, 1988).

C’est l’accent de la BBC, l’accent de la reine (et désormais du roi), ce que l’on appelle le « Stiff Upper Lip » (comprenez l’accent que l’on parle sans bouger les lèvres, en gardant une expression neutre) ou bien encore la « received pronunciation ».

Cet accent est relativement facile à comprendre pour les français car c’est celui que l’on entend le plus souvent au collège ou au lycée.

En revanche, il a été démontré qu’il était parfois plus difficile à reproduire….

Une multitude d’accents

On pense donc, à tort, qu’il n’y a qu’un accent britannique. La réalité du terrain fait que c’est précisément en Angleterre et plus largement au Royaume-Uni que la langue anglaise connaît le plus de variation d’accents au monde.

Il est très difficile de quantifier le nombre d’accents différents que l’on peut entendre partout sur les îles britanniques tellement ils sont nombreux, certains vont jusqu’à dire que ça se compte en centaines…

Accents régionaux

On distingue des variations d’accents par région : l’anglais du sud de l’Angleterre n’aura rien à voir avec l’accent de Manchester, de Liverpool, où du Yorkshire.. ; Parfois on ne prononce pas le « h » en début de mot ; au Pays de Galle ou en Ecosse, on roule les R…sans parler des voyelles qui ne sont pas les mêmes partout !

 

Accents de classe

Si la Received Pronunciation est l’accent de l’élite, il y a pléthore d’accents divers parlés qui indiquent l’appartenance ou identification du locuteur à une classe sociale. C’est d’ailleurs parfois un biais de discrimination.

Et comme si ce n’était pas suffisant, on peut aussi mixer les deux !

A Londres par exemple, le Cockney est historiquement issu de la classe ouvrière de l’Est de Londres. En témoigne le chef d’œuvre My Fair Lady, où le professeur Higgins tente d’apprendre à Audrey Hepburn, alias Eliza Doolittle, à parler comme une «lady».

Bien entendu, ici, on ne vous parle que des accents, mais il y a en fait également de nombreux dialectes associés : Le Geordie à Newcastle, le Scouse à Liverpool, le Tyke, le Brummie etc….qui incluent également des mots différents, des expressions et autres variations….

Donc on évite l’Angleterre ?

Vous venez de lire un petit focus sur les différences d’accent en Grande Bretagne mais ce n’est pas beaucoup plus simple si vous allez aux USA, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Irlande, à Malte

D’ailleurs, si on regarde de plus près l’histoire de l’accent australien, on découvre qu’il semble découler (entre autre) du Cockney, les premiers colons envoyés là bas étant des prisonniers et des orphelins…la boucle est bouclée, sans revenir au même point…Et que dire du grand écart entre accent californien, new-yorkais ou jamaicain…

Mais alors, où partir ?

Partout où vous irez, l’accent sera…typique…et c’est ce qui fait la richesse de la langue !

Quelques conseils:

  • Qui peut le plus peut le mieux ! Plus un accent est fort, plus il est difficile à comprendre, plus il vous sera facile de comprendre d’autres accents.

 

  • Si vous partez en séjour linguistique, c’est que vous prenez des cours d’anglais. Vos formateurs sont diplômés, habitués à enseigner un anglais «lissé» et à parler distinctement.

 

  • Votre séjour ne durera pas suffisamment longtemps pour que vous adoptiez tous les codes phonétiques de l’endroit où vous vous trouvez. Imaginez Jack, un anglais qui vient apprendre le français à Toulouse pendant 6 mois. Il y a peu de chance pour qu’il ait adopté un fort accent du sud à la fin. Son cerveau va se focaliser sur les phonèmes qu’il ne connaît pas (par exemple le «r» français) ; pas sur la différence entre le «lai» et le «lé» du lait !

 

  • Apprendre une langue, c’est aussi comprendre sa culture. Découvrez ce qui fait la richesse du territoire. Pour Jack, notre anglais de Toulouse : l’important est qu’il ait compris la différence entre une chocolatine et un pain au chocolat. Et on espère que personne ne tiendra rigueur à Jack s’il demande une chocolatine à Paris…

 

  • Dans la plupart des cas, vous avez besoin de parler un anglais international, en réunion avec un allemand, au téléphone avec un espagnol, en visite avec un chinois…Donc à moins que vos interlocuteurs ne soient qu’uniquement texans ou londoniens, il n’est vraiment pas nécessaire de vous focaliser sur un accent en particulier…

Faites-vous plaisir ! On apprend mieux quand est curieux, enthousiaste, ouvert, dans une zone confortable…Allez vers le pays qui vous attire, pour sa culture, sa population, son climat, ses paysages, ses activités…C’est là que vous progresserez!

Pour aller plus loin:

Quelques séries et films en vrac…. Anne with an E (Canada), Brassic (Nord Angleterre), Peaky Blinders (Birmingham), The Slap (Australie), Snatch (pour l’accent gipsy de Brad), The Crown (RP), Top of the Lake (Nouvelle Zélande), Mad Men (NY), Sons of Anarchy (Californie)

Challenge !

Essayez donc de suivre un film de Ken Loach en VO sans sous-titre…